Dans cet article je souhaite revenir sur cette question : comment choisir la couverture de son livre ? Pour plus de clarté, plutôt qu'un article général, j'ai décidé de prendre l'exemple de mon troisième roman L'espoir au corps.
Vous n'êtes pas sans savoir l'importance de la couverture et je ne vais pas répéter ce qui a été mille fois dit sur internet : la couverture est une vitrine, elle doit capter l'intention, donner le message, avoir l'air professionnel...
Qui a réalisé la couverture de L'espoir au corps ?
Pour réaliser la couverture de L'espoir au corps, j'avais le choix entre payer quelqu'un, ce qui se compte en centaine d'euros... ou faire comme avec mes précédents livres : créer la couverture par moi-même.
Vous le savez si vous me connaissez, je ne recule devant aucun challenge. Réaliser la couverture est risqué, épuisant... c'est aussi passionnant ! Donc, j'ai relevé le défi. 🙂 Le plus important était de respecter les critères de professionnalisme tout en exprimant mon message... Difficile de trouver le juste milieu et j'ai parfois frôlé la surcharge cérébrale !
Dans cet article, je souhaite ainsi vous révéler toute la réflexion et la stratégie qui se cache derrière la couverture de L'espoir au corps. J'espère vous montrer les coulisses de la vie d'une auteur indépendante et aussi distiller quelques conseils ou idées aux lecteurs lisant cet article.
Le message Ă faire passer au moment de choisir la couverture de son livre
Je souhaite encore remercier Isabelle (blog Bibliza) pour son aide et sa patience ! Elle a été présente dès le début pour le choix du titre, puis tout au long de la création de la couverture. J'ai discuté avec elle du message à faire passer et revue chaque couverture proposée. Angélique (blog Authente) m'a également beaucoup aidé. Sans oublier mes abonnés ! Mille mercis
Que devait refléter ma couverture ?
Comme pour le titre, la couverture est un mélange subtil qui permet d'orienter le lecteur dans la bonne direction. L'espoir au corps parle d'un couple, mais ce n'est pas une romance... il parle de VIH, mais en trame de fond, ce n'est donc pas un roman médical. Ce roman parle de deux personnes qui souhaitent retrouver le bonheur à tout prix. Elles se surpassent, prennent des décisions bonnes et mauvaises...
Comment exprimer tout cela dans une couverture ?
Une chose était claire dès le départ : je ne voulais donc pas d'image de couple, de main dans la main, de bisou ou de choses comme ça. C'est très "déjà -vu" et trop orienté romance. Par contre, je souhaitais voir apparaître un ruban rouge, symbole du VIH, sans pour autant qu'il exprime trop précisément cette maladie, en prenant la forme enroulée que l'on connaît habituellement.
Bien entendu, le message le plus fort, c'était le combat, l'espoir, la dualité des personnages. Cela passe dans l'image elle-même, c'est très subjectif. J'ai pensé à un poing serré en signe de lutte et à l'importance du regard.
Spécialement pour vous, voici le tout premier brouillon de la couverture !
J'ai un principe important : mettre aussi sur le papier même ce qui ne marche pas. Cela permet d'analyser concrètement les défauts et de pouvoir passer à autre chose !
Ici, j'avais cette idée d'avoir un ruban qui traverse la couverture, coupé en deux et déchiré aux extrémités (le combat). En fond, des dessins d'enfants, qui rappellent les frères et soeurs de Kalinda (l'un des personnages principaux), et le mensonge de cette dernière qui vient tout compromettre.
On est d'accord, choisir la couverture de son livre c'est aussi faire des choses très moches et pas abouties ! ^^
Les premières propositions
Évidemment ça n'allait pas être facile de mettre tous les messages (combat, amour, VIH, dualité) dans une seule et même couverture. J'ai donc fait des premiers tests avec des idées fortes et différentes. Le but n'était clairement pas de montrer des couvertures finies. Non, mon objectif était d'avoir un premier ressenti pour savoir dans quelle direction poursuivre.
Le 26 juin, j'ai proposé 3 premières couvertures à mes abonnés (puis sur les réseaux sociaux). Dans mon message, j'expliquais pour chaque couverture ce qui me plaisait ou non, et ce que je pourrais améliorer :
Le plus : le poing, symbole de combat.
Le moins : je ne veux pas mettre en avant le thème du VIH. Ici, avec le ruban rouge enroulé, il est clairement affiché. Je ne sais pas si c’est judicieux. Ensuite, l’image semble trop compliquée à décrypter et pas assez professionnelle.
Améliorations : éventuellement, une main d’homme, plus virile, plus marquée.
Le plus : le regard au loin. Un côté plus doux que la proposition n°1.
Le moins : justement, cette douceur est trop neutre et n’exprime rien de fort. L’image de l’homme met peut-être aussi l’accent sur une éventuelle histoire d’amour.
Améliorations : choisir une autre photo, plus contrastée dans le même genre ?
Le plus : l’aspect épuré. Cette couverture met l’accent sur le titre, le ruban rouge met du punch, il est présent sans aborder le VIH de manière directe.
Le moins : ça manque de professionnalisme. Le message est-il assez clair ?
Améliorations : la silhouette d’un homme et/ou d’une femme dans le rouge du ruban ou en fond de couverture ? Là encore, le plus simplement et suggestif possible pour ne pas être trop romantique.
L'avis des lecteurs sur ces couvertures
Globalement les lecteurs Ă©taient assez d'accord avec mes commentaires et mes suggestions.
La première couverture plaisait dans son originalité, son approche poignante et attisant la curiosité. La seconde était très appréciée pour le côté épuré et le regard au loin de l'homme, invitant ainsi à l'imagination et suggérant l'espoir. Enfin, la troisième couverture a remporté le plus de votes. Les personnes aimaient l'idée du ruban vertical. Le défaut : elle faisait trop polar.
Basé sur ces commentaires, j'ai donc travaillé sur de nouvelles propositions pour la couverture de L'espoir au corps, cette fois-ci beaucoup plus sérieuses. Je n'allais pas en faire des dizaines et la date que je m'étais fixée pour la finalisation approchait à grand pas !
Un second test plus sérieux
Quatre jours après les premières couvertures, j'envoyais un nouveau message à mes abonnés pour leur proposer ces visuels :
Elles sont essentiellement un mix entre la deuxième et troisième couvertures proposées initialement. J'ai aussi modifié la police d'écriture pour qu'elle soit moins "dure" pour enlever l'aspect policier/polar.
Les lecteurs ont choisi... ou pas !
Comme la précédente fois, j'ai recueilli l'avis de mes abonnés, puis des réseaux sociaux. Et là , j'ai comme eu un souci : les trois couvertures étaient quasiment à égalité ! Aucune ne se démarquait.
En conclusion, ça allait être à moi de choisir la couverture de L'espoir au corps ! Les lecteurs ont dû penser que j'allais prendre l'une de ces couvertures et dire : "Voilà , c'est fini !". Mais non... Pour moi, il restait encore beaucoup de travail pour rendre la couverture plus professionnelle. Et il me restait une semaine pour finaliser l'ensemble. J'étais en vacances chez des amis, difficile de trouver le temps !
Le plus difficile : la finalisation
J'ai décidé de partir sur la base de la deuxième couverture. Pourquoi ? J'aimais beaucoup la troisième aussi, mais j'étais d'accord avec les critiques à son sujet : c'était un peu étrange de mettre plus l'homme que la femme, cette couverture était difficile à interpréter, même si elle était forte émotionnellement.
Une vue d'ensemble peu convaincante
Je me suis fiée aux commentaires et à mon instinct. J'ai fait des modifications simples en mettant un ruban propre, en augmentant un peu les contrastes... J'aimais bien le résultat !
Mais sincèrement, quelque chose clochait : l'asymétrie des deux images. Avoir l'homme de profil et la femme de face, cela donnait un ensemble déséquilibré, comme pour la troisième couverture.
Nouvelles idées et désespoir
J'ai donc pris deux images avec des regards forts et orientés de la même manière. J'étais plutôt contente du rendu mais encore une fois pour une couverture de polar ! C'était trop sombre et aussi trop tranché, alors que je souhaitais apporter de la lumière et de la douceur par rapport à mes deux précédents livres.
J'ai tout essayé. En mettant les images en couleur, en diminuant le contraste, en changeant l'orientation du titre ! Mais ça n'allait pas du tout... La veille du jour où j'avais promis de révéler la couverture finale à mes abonnés et je n'étais toujours pas convaincue par mon travail. J'étais vraiment au bord de la crise de nerfs, de fatigue. Je n'avais plus aucun recul, je ne savais plus quoi faire !
Alors quoi ? Décevoir mes abonnés ? Baisser les bras ? Jamais de la vie ! Je suis partie me coucher. ^^ On dit que la nuit porte conseil...
Retour Ă l'essentiel et couverture finale
Le lendemain matin, jour fatidique, j'ai décidé de tout reprendre à zéro. Quel était mon message ? Qu'est-ce qui avait plu dans mes précédentes couvertures ? J'ai relu tous les commentaires, les discussions avec Isabelle et Angélique.
Qu'est-ce qui compte le plus pour choisir la couverture de son livre?
Je suis revenue à l'essentiel : il me fallait une couverture claire et aérée, avec un ruban rouge et une forte note d'espoir. La couverture qui avait suscité ces réactions, c'était celle-ci depuis le début :
Donc, je suis repartie sur cette idée pour la couverture finale mais il restait des choses à modifier.
L'importance d'harmoniser
En effet, j'ai imaginé mes trois livres côte à côte sur la table lors d'une dédicace. Il devait absolument y avoir une harmonie, une cohésion entre les différentes couvertures. C'est aussi ce qui montre le "professionnalisme" de l'auteur, car cela représente "sa marque". Les lecteurs sont habitués à reconnaître des codes au sein des maisons d'éditions pour un même auteur. Je me devais donc de faire pareil !
Comme les couvertures de mes premiers romans sont sombres et très contrastées, pour la couverture de L'espoir au corps, même si je la voulais claire, je ne pouvais pas la faire "pâle". Le souci, c'est qu'en augmentant les contrastes de l'image de fond, ça ne collait pas du tout avec le ruban rouge vertical !
Le ruban rouge : tout est de sa faute !
Ce ruban rouge. Avec le recul, je pense que c'est lui qui m'aura posé le plus de soucis. Dans cette position verticale, il était trop marqué, il n'avait pas vraiment de "sens". On aurait dit une sorte de barrière, de marque-page... Ca rendait l'image difficile à lire. Puis à l'horizontal (comme les tests juste avant), c'était moins original, je perdais la force de l'image de fond.
Je dois vous avouer que c'est mon conjoint qui a trouvé l'idée. On était d'accord : le ruban c'était ce qui bloquait tout. Quand on l'enlevait, ça allait tout de suite mieux. Mais la couverture était pâlichonne et je voulais un bout de ruban, absolument !
"Tu veux un bout de ruban ? Bien, voilĂ !"
Ni une ni deux, mon ami a pris "des bouts" du ruban et les a disposés sous mon nom d'auteur et sous l'édition. L'idée lui est venue car il y avait un espace vide et blanc au-dessus du titre qu'il fallait combler. Je l'ai regardé ahurie. Elle se tenait devant moi, à une heure de l'envoi à mes abonnés : la couverture finale !
Je me suis dépêchée de la mettre à côté de mes deux autres livres et j'ai été satisfaite (et soulagée). Elle était lumineuse, porteuse d'espoir, forte émotionnellement, tout en laissant de la place pour l'imaginaire du lecteur. Parfaite !
Le mot de la fin
Quelques lecteurs qui m'ont dit "mais je préférais celle-ci", "j'aurai plutôt fait comme ça". C'est pour cette raison que j'ai écrit cet article, pour expliquer tout le chemin parcouru, les raisons qui m'ont poussé à faire tel ou tel choix.
J'espère que vous aurez mieux compris tout le travail qui se cache derrière la réalisation d'une couverture. J'aurai pu payer quelqu'un pour le faire, cela m'aurait évité bien des tracas... mais impossible de dépenser 400€ me concernant ! Et puis, avec un peu d'effort, l'aide mes abonnés et de mes amis, je suis parvenue à une couverture qui me plaît ! Merci à tous ceux qui m'ont soutenue !
D'ailleurs, j'ai affiché une photo de cette couverture sur ma table lors du Salon du livre de Thiron Gardais, le 14 juillet, et toutes les personnes avec qui j'ai discuté m'ont dit spontanément que ça les intriguait et qu'elle voulait en savoir plus. Maintenant, je suis sûre que c'est le bon choix !
Le deuxième mot de la fin (en 2022, des années plus tard...)
Et comme on ne cesse pas de s'améliorer, en 2020, j'ai repris l'intégralité de mes couvertures ! L'espoir au corps est ainsi devenu :
Au côté de mes 7 autres romans 🙂
[…] AnaĂŻs W., romancière indĂ©pendante qui vit de sa passion vous parle de son vĂ©cu sur son blog. […]
Bonjour AnaĂŻs,
Dans votre ebook gratuit, vous avez parlĂ© des banques d’images (gratuites et payant). Pour un futur projet (auto-Ă©dition, comme vous), la banque d’images gratuites « Pixabay » m’intĂ©resse grandement. Cependant, je voudrais pas avoir de souci avec la justice ou le site lui-mĂŞme. C’est pourquoi je me permets de vous envoyer un commentaire pour vous demander : Sur ce site lĂ , pouvons-nous rĂ©ellement prendre toutes les photos Ă des fins commerciales ?
J’ai vu qu’il y avait certaines exceptions (les marques, logos, personnes identifiables et propriĂ©tĂ©s privĂ©s) donc franchement, je suis perdue :/.
Imaginons que sur Pixabay je choisi une image oĂą une personne est reprĂ©sentĂ©e. Pour plus de sĂ©curitĂ©, je pourrais effacer son visages lors de la crĂ©ation pour le but commercial, non ? Je suis relativement perdue et j’espère que vous serez m’aider comme il le faut.
Cordialement.
Bonjour Eva,
En effet, je n’Ă©tais pas allĂ©e aussi loin dans mes recherches sur les droits d’images, je me suis simplement assurĂ©e qu’elle Ă©tait libre pour le commercial…
Pour ce qui est de montrer des visages de personne notamment (ce que je fais pour Juste Puni) cela semble en effet difficile de dĂ©finir si une image mĂŞme « libre de droit, pour le commercial aussi » l’est vraiment et quand il faut demander une autorisation supplĂ©mentaire : acceptez-vous de voir votre visage sur la couverture de mon livre ?
Je pense d’abord que le message par lequel tu dois avoir l’autorisation s’adresse aussi aux photographes : ils doivent avoir l’accord prĂ©alable des personnes sur les photos et je suis sĂ»re qu’ils ont fait le nĂ©cessaire pour avoir les droits Ă l’image en amont, lĂ©galement, pour les diffusĂ©s sur ces sites.
Ensuite, tu es aussi sur des sites où les gens peuvent télécharger gratuitement et librement des images, avec explicitement noté « Free for personal and commercial use, No attribution required ». Les photographes et les personnes ayant cédé les droits sont donc conscients que ces images peuvent être exploitées de bien des manières, y compris sur des supports largement diffusés.
Je pense que le plus important Ă retenir, c’est la notion de respect de la personne sur l’image. Comme ils le disent, elle ne peut pas apparaĂ®tre de manière offensante par exemple. Et idem si tu mets une « marque », tu ne peux pas l’associer Ă ton produit comme si la marque te soutenait, alors que ce n’est pas vrai.
Comme le conclu très bien Pixabay : Comprendre le domaine public semble compliquĂ©, mais ça ne l’est pas tellement : vous pouvez utiliser librement des images sans avoir Ă demander la permission. Mais c’est dans votre responsabilitĂ© d’utiliser ces images sans enfreindre de règle au moment de l’utiliser pour votre marque.
J’espère t’avoir rassurĂ©e un peu,
AnaĂŻs
Bonjour AnaĂŻs !!
Je vous remercie d’avoir rĂ©pondu aussi rapidement 🙂
Vous m’avez entièrement rassurĂ©e pour cette question d’images.
Bonne continuation Ă vous et merci encore pour tous ce que vous faites.