Comment jongler entre l'écriture et la promotion de ces romans ? A quoi ressemble le quotidien d'un auteur qui vit de ses romans ? Régulièrement, je vois passer ce genre de questions sur les réseaux sociaux et encore la semaine dernière, Blanche a laissé ce commentaire très intéressant sur l’article sur mes revenus de 2019 :
«Est-ce que tu as calculé ton temps de travail par semaine ? Ce serait intéressant de mettre les revenus en relation avec le temps de travail, car ça permettrait à chacun de comparer avec le nombre d’heure qu’il consacre à l’écriture + promotion + tout le reste.»
Moi qui suis d’ordinaire très «scolaire», qui adore pouvoir expliquer que si je passe X temps à faire A, j’obtiens C de revenu… je m’en suis retrouvée bien incapable ! Mon planning d’écriture ou de promotion n’est pas du tout régulier ou routinier et j’avoue que j’ai ressenti un grand moment de flottement :
Comment expliquer aux auteurs qui me suivent le quotidien d’une romancière à temps plein qui vit de sa passion ?
Et en évitant la réponse barbante : « je me lève à 8h… je petit-déjeune… » J’ai donc réfléchis et j’ai compris que si je n’avais pas de planning, 3 règles rythmaient mon quotidien. Ce sont ces 3 règles qui vont me dire si je dois écrire, faire de la promotion ou faire une autre activité.
Bien sûr, cela est très personnel : chaque auteur aurait une réponse différente au commentaire laissé par Blanche. Mais j’étais particulièrement enjouée à l’idée de partager la mienne avec vous pour une simple et bonne raison :
Vous montrer que, contrairement à un autre commentaire reçu sur mon article, non, je ne travaille pas 80h par semaine en stressant comme une folle pour manger à ma faim !
Vivre de sa passion, ça demande forcément beaucoup de travail, mais je vois ça aussi comme un art de vivre et une source de développement personnel.
Alors, quelles sont ces 3 règles qui rythment mon quotidien, me permette de vivre de mes romans tout en étant sereine et épanouie ?
1) L’inspiration avant tout
Je l’avoue tout de suite : je n’écris pas de manière régulière. Il m’arrive de ne pas écrire un mot pendant des mois.
J’ai essayé de la «professionnaliser», de me forcer et d’écrire quinze minutes par jour, une nouvelle le dimanche… mais je ne fonctionne pas comme ça.
C’est complètement contre-productif, je n’y prends pas de plaisir, j’ai l’impression de perdre mon temps, de ne rien réussir et je finis par avoir des complexes et des crises de la page blanche.
Je me suis donc fixé une première règle qui surplombe toutes les autres : quand l’inspiration me frappe, en plein jour ou en pleine nuit, elle devient prioritaire.
Je stoppe mes activités, je me lève... et je griffonne, parfois juste quelques minutes ici et là . Puis quand je me sens prête, que l’histoire m’appelle alors je commence à aménager mes journées pour m’y mettre plus sérieusement.
D’abord, plusieurs heures le matin… Puis au fur et à mesure, je vais plonger dans mon histoire et ne plus pouvoir m’arrêter.
Voilà comment fonctionne l’écriture chez moi : je préfère la laisser libre de venir quand elle le souhaite.
2) Un peu de promotion en dehors des lancements
Alors, qu’est-ce que je fais de mes journées si je n’écris pas ?
Je m’occupe de la promotion de mes romans et du développement d’autres activités (ce blog, la newsletter des auteurs, les accompagnements en auto-édition, quelques projets immobiliers, faire du sport...)
Pour la promotion de mes romans, en dehors des lancements, je fais quelques petites choses ici et lĂ :
Le plus important reste les dédicaces tous les samedis, car elles me rapportent 50 % de mes revenus en auto-édition.
À côté de ça, j’envoie des emails à mes lecteurs pour garder le lien, je prévois des posts sur les réseaux et j'organise quelques offres pour les ebooks Amazon ou sur ma boutique.
Vous vous direz que ça n’a rien d’extraordinaire, et je suis bien d’accord. L’essentiel de mon travail promotionnel à lieu lors des sorties de mes nouveaux romans : à ce moment-là , je mets les bouchées doubles et c’est une tout autre histoire…
En dehors des lancements, je pense parfois que je pourrais faire plus : continuer à démarcher les médias, contacter des personnes importantes, faire du forcing à gauche et à droite... Mais chaque fois que j’ai voulu me forcer, j’ai fini par craquer et ça n’allait pas du tout.
Alors pour l’instant, je respecte ma seconde règle : faire des dédicaces, maintenir la machine promotionnelle à bas régime entre les publications, puis mettre les turbos sur les sorties !
Chaque jour, je cherche un peu plus le juste milieu entre ce qu’il « faudrait faire » et ce que je « me sens de faire », ce qui m’amène à la troisième règle qui rythme mon quotidien :
3) Le plaisir de vivre, tout un art
J’ai démissionné d’une thèse en virologie en 2016 pour avoir plus de liberté et consacrer mon temps à ma passion.
Mais pendant des années, même en étant entrepreneur, je n’ai pas su m’accorder cette liberté : je faisais parce qu’il fallait faire, je me forçais à accomplir certaines tâches même si je n’en avais pas envie ou même si elles ne me correspondaient pas. Je travaillais quand j’étais à bout car je me culpabilisais : j’avais la trouille de devenir une fainéante.
Mais pourquoi au final ? On a 1 vie sur cette terre et on n’a aucune idée de ce qu'on aura dans le futur ou seulement que tout s’achèvera par une mort inéluctable demain ou dans cinquante ans.
Alors, j’ai appris tant bien que mal à m’écouter, à profiter, à vivre tout simplement. C’est un concept qui parait bête, mais je peux vous le dire : entre le comprendre intellectuellement et le ressentir, il y a un monde.
Cela m’a pris des années et j’ai foncé dans de nombreux murs car je voulais forcer les choses, lutter, pousser (et tous les synonymes que vous pourrez imaginer) : ça se terminait toujours mal, en crise de larmes, en déprime pendant trois semaines, en perte de sens totale…
Juste parce que je n’avais pas respecté mon intuition, que ce n’était pas ça que je voulais, pas ce qui me correspondait, pas comme ça que je voulais faire les choses.
C’est devenu de plus en plus concret au fils des années, et début 2020, j’ai senti mes barrières lâcher pour la première fois, notamment grâce à un livre « Ikigai ».
Aujourd’hui, mon quotidien est rythmé par mes envies, mes émotions. Si je ne me sens pas de faire quelque chose pour l’instant alors je ne le fais pas. Quand je suis trop fatiguée, je me lève plus tard, je vaque à d’autres activités, je prends l’air. Finalement je fais ce dont j’ai envie. Je ne me sens pas plus paresseuse ou plus capricieuse contrairement à ce que je croyais.
En réalité je n’ai jamais été aussi heureuse : je travaille beaucoup et j’y trouve énormément de plaisir car je le fais dans les bonnes conditions (sans me forcer ou me brusquer). Je prends davantage de temps pour moi, pour respirer, me promener, cuisiner… faire d’autres choses qui me permettent de prendre du recul et d’apprécier la vie.
C’est donc ma troisième règle : profiter de cette vie.
Vous savez maintenant comment je rythme mon quotidien, entre l’inspiration quand elle se présente, les activités pour développer mon lectorat, mon blog vivre de ses romans et d’autres projets sans rapport à l’auto-édition, et le plaisir simple d’exister.
Ce n’est peut-être pas la réponse que vous attendiez, mais j’espère que vous y trouverez une source de réflexion pour toujours plus vous épanouir en auto-édition ou dans toutes autres activités qui occupent votre quotidien.
N’avez-vous pas l’impression, chère AnaĂŻs, que la littĂ©rature actuelle se fĂ©minise ? Si j’en juge par tout ce que Babelio m’envoie et qui est quelque peu par des femmes et pour des femmes.
Il est vrai que dans cette triste Ă©poque on ne voit plus que des femmes dans le mĂ©tro parisien pour tenir un livre dans ces longs trajets alors que dans ma jeunesse il y avait autant d’hommes que de femmes qui lisaient.
Ce qui peut expliquer que je suis Ă la ramasse pour mes histoires de science-fiction considĂ©rĂ©es, si je ne m’abuse, comme de la littĂ©rature quelque peu machiste, mĂŞme s’il y a eu de grandes auteurs comme Leigh Brackett, pour n’en citer qu’une.
Toutefois « les miennes » dans ma sĂ©rie « les trafiquants des Ă©toiles », si elles n’occupent pas le premier plan, sont haut de gamme et redoutables s’il le faut.
Bonjour William, je ne me pose pas tant de questions sur la fĂ©minisation de l’Ă©criture ou de la lecture, je fais mon bonhomme de chemin 🙂
Merci pour cet article inspirant. 🙂
Comme personnellement je viens de me lancer dans cette vie professionnelle, j’en suis encore Ă l’Ă©tape oĂą j’essaie d’organiser/forcer les choses, et j’en arrive doucement Ă constater Ă quel point ça ne fonctionne pas. Je crois que je vais m’appliquer Ă suivre davantage mes envies Ă prĂ©sent, surtout que ce n’est pas comme si je n’avais jamais envie de rien, c’est juste qu’on ne choisi pas Ă quel moment l’envie de faire une chose ou une autre nous viens. C’est rassurant de voir que quelqu’un qui a dĂ©cidĂ© de s’Ă©couter s’en sort très bien dans sa vie professionnelle en tout cas !
Sur ce, belle journée. 🙂
Il en résulte de tout cela une évidence : il faut être présent physiquement pour promouvoir ses écrits.
Or ce n’est pas mon cas car je vis Ă 10.000 km de l’amère patrie.
Donc ce que je vends sur Amazon se fait au compte-gouttes avec une moyenne de 5 par mois. Avec ça je ne risque pas d’en vivre. J’ai bien essayĂ© KDE Select et les mots clĂ©s de Sponsored Products ce qui a eu pour effet de dynamiser un temps les « pages lues » (7.217 au mois de fĂ©vrier), mais ça a l’air de retomber.
Ceci dit je ne me faisais aucune illusion sur la vente de livres de S-F, je ne suis mĂŞme pas le pire, au niveau diffusion, des auteurs auto-Ă©ditĂ©s d’Amazon.
Heureusement qu’il me reste mes comptes Ă termes Ă ma banque pour m’assurer ma retraite. Et sans rien faire, eux.
Ce n’est pas tout Ă fait vrai : la prĂ©sence physique marche pour moi mais je connais des auteurs indĂ©pendants qui vivent de leur passion seulement avec Amazon. Et je pense qu’il est important que vous ayez confiance en votre travail et en votre potentiel pour que cela fonctionne mieux 🙂
Merci d’avoir rĂ©pondu si complètement Ă mon commentaire 🙂
Je partage ta façon « intuitive » de gĂ©rer mes journĂ©es et je ne me suis jamais sentie aussi bien ! Du coup je vais aller jeter un Ĺ“il sur Ikigai, ça m’interpelle.