Vous savez, parfois je me demande… qu’est-ce que les auteurs ont en tête ?
Chaque fois que je fais des séances de dédicace, comme ce week-end, les libraires me disent : « j’adore votre démarche quand vous allez voir les lecteurs, c’est vraiment génial ! »
J’en discute un peu avec eux et ils ajoutent, dépités : « certains auteurs passent la journée sur leur téléphone ou à lire, ils ne lèvent même pas la tête pour dire bonjour aux personnes qui circulent ! »
Quel intérêt à rester sans rien faire pendant une dédicace ?
J’avoue, moi aussi, je suis dépitée quand j’entends ça. Alors je me demande : pourquoi les auteurs agissent comme ça ? Quel est l’intérêt pour eux ? Éventuellement, quels sont leurs blocages ?
Car forcément, quitte à passer une journée dans un magasin pour promouvoir ses livres, c’est mieux d’être actif. Il n’y a clairement aucun intérêt à rester assis sur sa chaise à ne rien faire !
Il y a donc deux raisons possibles : ces auteurs ne sont pas là par choix, on leur a forcé la main… ou ils se sont donné le courage de venir, mais ils sont pétrifiés une fois sur place…
Avoir peur et ne pas l'assumer
Alors, admettons que l’auteur reclus derrière sa table, tête baissée, ait une trouille bleue de croiser le regard d’un potentiel lecteur… Pourquoi ne pas trouver la force d’aller au-delà  ? Cet auteur a quand même fait le déplacement et il n’a clairement pas envie d’être venu pour rien ? Il se sentira atrocement mal quand il rentrera à la maison en ayant vendu 2 livres… Une journée gâchée !
Le pire, c’est que face à cette déception, certains auteurs mettent ça le dos sur les autres : « il n’y avait personne, le magasin n’a pas assez fait de promo… les lecteurs ne sont pas curieux, ils ne s’intéressent pas à mon travail… »
Je vous avoue, ça me rend un peu folle quand j’entends ça… Mais, mais, mais, ce n’est pas de ma faute !
Trouver des excuses plutĂ´t que des solutions
Parfois, je discute des dédicaces sur les réseaux sociaux. Et quand je dis aux auteurs de se bouger le popotin, ils me répondent « moi je n’aime pas aller embêter les lecteurs »… Ah… parce que ça va se faire tout seul, peut-être ?
Et puis, tout dépend de ce que l’on entend par « embêter le lecteur » ! Si on arrive comme un éléphant dans un magasin de porcelaine en criant à quel point notre livre est génialissime sans se préoccuper de la personne face à vous, clairement on risque d’embêter le lecteur !
C'est toujours plus facile pour ceux qui réussissent
Les deux autres réponses qui m’agacent le plus sont : « mais pour vous c’est facile » ou que « vous avez de la CHANCE de faire une vingtaine de ventes ». Là , je tourne carrément de l’œil… ou les talons, au choix ! Ben non, je n’ai pas de chance, en fait… j’ai TRAVAILLÉ DUR.
Quand je fais une dédicace, même après plus d’un an d’expérience, c’est DIFFICILE. Ça me demande de la motivation et une adaptation constante. Je dois toujours aller chercher au fond de moi le courage d’aborder le lecteur, assumer le risque de prendre un râteau, plus ou moins violent… ou celui de parler pendant 20min pour ne faire aucune vente, et donc, malgré la sincérité de la discussion, avoir en quelque sorte, « perdu mon temps ».
Du travail et du temps gâchés
Franchement, quel dommage. Ces auteurs planqués derrière leur table ont déjà fait une grosse partie du boulot en fixant cette date ! La librairie leur octroie leur confiance… et ils gâchent cette opportunité en restant plantés là  !
Peut-être est-ce votre cas ? Vous avez peur, vous êtes timide ou maladroit pendant vos dédicaces ? Vous ne savez pas « comment faire » ?
Et si vous commenciez par essayer ?
Sortez de derrière votre table, marchez dans la librairie. Regardez les rayons qui correspondent à votre genre. Une personne s’y promène, abordez-là gentiment pour lui indiquer votre présence, demandez-lui si elle a envie d’en savoir plus…
Ah, elle vous envoie paître ! Ce n’est pas grave, ce n’est pas contre vous. Prenez une grande inspiration et rappelez-vous pourquoi vous êtes là  ! Pourquoi vous avez fait l’effort de venir ! Souvenez-vous de ce sentiment horrible en rentrant bredouille, groggy d’être resté comme une plante toute la journée… Pensez à la fierté que vous allez ressentir en dédicaçant l’un de vos livres… Allez, hop, retournez-y !
À force, vous allez trouver les bons mots. Entraînez-vous à la maison : « OK, si on me demande ce que j’écris, je dis quoi ? » Préparez quelque chose de rapide, efficace. « Puis selon la réaction de mon interlocuteur, je peux ajouter quoi ? »…
Vous n'ĂŞtes pas une plante verte... et votre interlocuteur non plus !
Et nom d’une pipe, intéressez-vous à la personne à qui vous parlez ! Demandez-lui ce qu’elle aime lire, quelle couverture elle préfère et pourquoi, si elle cherche de la lecture pour elle, à offrir, si elle est en vacances dans le coin… Quelque chose qui lui montre que vous n’êtes pas en train de proposer « n’importe quoi à n’importe qui ».
Vous allez voir, pendant une dédicace, tout ce que vous apprenez sur le lecteur et sur vous-même va vous apporter une énergie folle et de nouvelles idées pour promouvoir plus largement vos livres. Car c’est tout de même le problème numéro 1 pour un auteur : faire connaître ses romans !
Voilà , tout est dit. 🙂 J’espère que si vous faites des dédicaces en mode plante verte ou si vous n’osez pas encore en faire, vous êtes maintenant remonté à bloc !
Pour rappel, vous avez toutes une série d’articles sur l’organisation des séances de dédicaces sur le blog : "Organiser des séances de dédicace de A à Z"
Et pas d’excuses : vous pouvez faire des séances partout, tant qu’il y a des lecteurs ou des personnes intéressées par le sujet de vos livres.
Prenez les choses en main, ça ne dépend QUE DE VOUS. 🙂